Des imprimantes 3D moins chères feront une percée décisive
Aujourd’hui, de nombreuses initiatives proposent notamment l’impression par lit de poudre à un prix nettement inférieur, 50.000 à 100.000 euros, alors que de grandes marques maintiennent le prix et jouent sur la qualité et la fonctionnalité. Ces imprimantes meilleur marché font-elles une différence potentielle?
Jonas Galle (Valcun): “Parlez-vous ici de l’investissement dans l’imprimante? Sur un salon, j’ai parlé avec une entreprise qui vendait des imprimantes 3D pour 600.000 euros et je leur ai demandé si je pouvais commencer à imprimer en investissant ce montant. Cela ne semblait pas être le cas, car il faut encore des systèmes de production, une aspiration, … Le coût définitif était 50% plus élevé. Il est incorrect de ne regarder que le coût de la machine, l’ensemble compte. Pas seulement l’installation totale, mais aussi la formation du personnel qui doit travailler avec la machine.”
"J’ai un exemple récent pour lequel une entreprise avec pas mal d‘expérience dans la fabrication additive a décidé d’acheter encore un nouvel appareil et d’approcher une autre partie. Deux semaines plus tard, ils m’ont contacté pour me dire qu’ils ne peuvent pas placer le système, parce qu’il exige un local ATEX. L’installation d’un tel local antidéflagrant était si onéreuse..."
Philippe Reinders Folmer (Renishaw): “Je pense aussi à la sécurité. Vous devez tenir compte de l’atelier, comme les sols, l’aspiration, le gaz, la mise à la terre, … Puis, il vous faut encore un four pour le frittage et éventuellement d’autres processus de post-traitement. Ces prescriptions de sécurité spécifiques valent pour les imprimantes grandes et les imprimantes plus petites. Je ne soulignerai jamais assez l’importance de la sécurité, songez à un local ATEX, partout où vous devez utiliser des poudres.”
Roald Swerts (Trideus): “J’ai un exemple récent pour lequel une entreprise avec pas mal d‘expérience dans la fabrication additive a décidé d’acheter encore un nouvel appareil et d’approcher une autre partie, plutôt que de rester avec son fournisseur actuel d’imprimantes. Deux semaines plus tard, ils m’ont contacté pour me dire qu’ils ne peuvent pas placer le système, parce qu’il exige un local ATEX. L’installation d’un tel local antidéflagrant était si onéreuse qu’ils ont décidé finalement de ne pas implémenter la solution d’impression dans leur entreprise. Ceci montre qu’il existe de nombreux facteurs annexes dont vous devez tenir compte.
Applications ordinaires
Nico Velghe (V.A.C. Machines): “Là aussi, il y aura à nouveau une différence dans la clientèle. Nous ne pouvons pas réaliser certains projets simplement parce que le client n’avait pas pris en compte un tel système de sécurité. Puis, vous allez vers les applications ordinaires, mais si vous voulez hisser le processus vers un niveau professionnel, vous avez aussi besoin à mon avis d’un partenaire professionnel qui insiste sur les recommandations de sécurité. Et ces applications ordinaires sont alors insuffisantes.”
Philippe Reinders Folmer (Renishaw): “Ce qui ne pourrait pas exister en fait, ce sont des applications ordinaires pour lesquelles on ne tient pas compte des prescriptions de sécurité. Cela ne peut pas, mais cela se produit. D’un autre côté, j’applaudis justement l’arrivée d’imprimantes plus petites. Nous ne les fabriquons pas, mais elles sont bel et bien le tremplin idéal vers le travail plus grand. Vous pouvez ranger pas mal de choses dans un local de construction de 10 sur 10, mais à un moment donné, vous voudrez réaliser quelque chose de plus grand, ou imprimer plus d’éléments. Vous devez alors tout professionnaliser, la machine, mais aussi les méthodes de production. L’arrivée de modèles d’entrée de gamme plus petits ne peut pas porter atteinte à la sécurité.”
"Si vous voulez hisser le processus vers un niveau professionnel, vous avez aussi besoin à mon avis d’un partenaire professionnel qui insiste sur les recommandations de sécurité."
Roald Swerts (Trideus): “Ou vous devriez travailler avec les poudres plus sécurisantes Metal Injection Moulding (MIM), comme la HP Metal Jet ou les possibilités de la Desktop Metal. Ce développement est en phase de prototypage, mais dès que le système sera commercialisé, cela vaudra assurément la peine de l’envisager. Nous ne parlons pas de poudres distinctes, qui libèrent des particules pouvant déclencher une réaction explosive.”
Jonas Galle (Valcun): “Si je comprends bien, je pourrais affirmer de façon réductrice que si vous pouvez traiter les aspects sécuritaires, vous avez en tout cas un gigantesque potentiel pour réduire le prix, sans réellement sacrifier la qualité? Si vous évitez ces poudres, vous n’avez pas de problème d’explosion et dès lors pas besoin d’un local ATEX, ce qui laisse de la marge pour diminuer le prix.”
Philippe Reinders Folmer (Renishaw): “Je suis d’accord dans les grandes lignes, mais le diable se cache dans les cas limites.”
Tom Scharlaken (Vives): “Pour de nombreux processus de production, les concepteurs peuvent rapidement estimer le prix de revient approximatif (par exemple, le poids et le type de matériau), le nombre d'opérations, le degré de précision. Pour l'impression sur métal, ces connaissances ne sont pas disponibles ou sont limitées. Le transfert de ces connaissances sera l'une des principales tâches à envisager en matière de technologie d'impression sur métal.”
Joachim Antonissen (OCAS): “En complément, j’aimerais encore dresser un parallèle qui, à première vue, semble peut-être fort éloigné de l’affirmation, mais qui est en fait bel et bien pertinent. Il y a vingt à trente ans, j’ai vu l’aluminium arriver à tort et à travers dans le secteur automobile. De plus en plus d’éléments étaient remplacés. Ceci était lié à un aspect marketing non négligeable. Les constructeurs de véhicules ont introduit des éléments en aluminium, simplement d’un point de vue marketing. De nombreuses entreprises en sont revenues plus tard, notamment à cause des coûts supplémentaires. A mon avis, le marché de l’impression 3D se situe dans une certaine mesure dans cette phase. De nombreuses personnes sont titillées par l’aspect marketing sans se poser la question de savoir si ceci est lié à un business case concret. Le coût effectif de l’imprimante est dès lors moins pertinent dans cette phase. En effet, on n’associe pas (encore) de rentabilité économique à l’imprimante 3D. Je pense par exemple à la personnalisation de modèles de niche de certains constructeurs de véhicules.”