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“LVD A UNE VISION CLAIRE DE L'AVENIR“

Rencontre avec Carl Dewulf, administrateur delegue de LVD

De g. à dr.: Jean-Pierre Lefebvre, président du conseil d'administration LVD Group, Francis Vanneste, administrateur délégué LVD Benelux et Carl Dewulf, administrateur délégué LVD Company 

A en croire les récents investissements, les affaires marchent vraiment bien pour LVD. La présentation de l'Experience Center en avril a marqué les esprits. La rénovation et le réaménagement de l'ancien show-room en un espace ultramoderne a nécessité un investissement de 5 millions d'euros. Des informations croustillantes pour la presse professionnelle, avec en apothéose une inauguration qui a fait office de cerise sur un énorme gâteau. Avant cela, l'entreprise avait aussi transformé la ligne de production. Autant de choses qui pourraient nous faire oublier qu'en plus, le fabricant de machines de Flandre occidentale a remporté un prix prestigieux à l'EuroBLECH pour la présentation du Syncho-Form, une solution de pliage nouvelle et révolutionnaire pour les grands profils. Bref, le moment rêvé pour une rencontre avec l'administrateur délégué Carl Dewulf.

PERSONALITE
Carl Dewulf
Administrateur délégué LVD Company nv
FORMATION
Master of Science
Massachusetts Institute of Technology, Boston, USA
Sloan Fellow 1991-1992
EXPERIENCE
Administrateur délégué LVD Company nv depuis 1998

Certains lecteurs ne le savent peut-être pas, mais vous avez récemment beaucoup investi dans la production.

Carl Dewulf: “Tout à fait. Le plus marquant, c'est le nouveau centre d'usinage PAMA avec 306 outils intégrés pour la fabrication de boîtiers à cylindres. La machine en remplace facilement cinq. Nous utilisons un système économique et centralisé, et nous avons repensé l'aménagement de l'entrepôt en fonction du prémontage. L'entrepôt est plus qu'un simple espace de stockage. Des investissements ont également été réalisés dans les systèmes d'affûtage. Ces investissements cadrent avec la stratégie générale visant à optimiser le rendement et les performances opérationnelles. Dans ce sens, nous appliquons à notre production ce que nous conseillons à nos clients. Ces investissements ont également pour conséquence une production à nouveau en gestion propre. C'était nécessaire, car plusieurs des nouvelles machines que nous produisons, ont fait grimper les exigences de tolérances."


Impossible de passer à côté: LVD se retrouve souvent dans la presse grâce à ces actions. Est-ce une stratégie calculée pour accélérer votre croissance? Dans votre discours inaugural du XP Center, vous avez d'ailleurs beaucoup parlé de marketing.

Dewulf: “L'époque où il suffisait de faire de bons produits, est révolue. En tant qu'entreprise depuis toujours axée autour de l'engineering, nous en avons bien conscience (peut-être encore plus que par le passé). Notre système marketing a donc été modernisé et cible la jeune génération numérique des entrepreneurs nés avec les réseaux sociaux. Nous sommes présents sur tous ces canaux, notamment avec Showpad, une plate-forme commerciale intégrée et numérique. Le XP Center va sans le moindre doute nous aider à convaincre les clients, maintenant que nous pouvons encore mieux montrer ce que nous faisons. Mais la croissance ne viendra pas de là. Nous devons aller la chercher dans les nouvelles technologies pionnières, comme ToolCell et Synchro-Form, qui nous permettent de répondre aux besoins du marché."


Quels sont ces besoins actuellement?

Dewulf: “Depuis des années déjà, le marché se caractérise par des séries plus petites et par des délais de réalisation plus courts, pour un prix à la pièce identique. La plupart des entreprises de manufacture, sauf celles qui ne fabriquent pas leurs propres produits, ont aujourd'hui adapté leur chaîne à ce principe. De nos jours, les clients doivent prendre en compte une autre difficulté, celle d'une complexité toujours plus élevée. Tout est question de bonne gestion et d'équilibre."


Et c'est pour cela que nous avons besoin de l'Industrie 4.0?

Dewulf: “Dans tous les cas d'une méthode de travail qui soutient une production optimisée à un rythme souple, et dont les étapes se succèdent sans interruption. Nous pensons qu'il vaut mieux agir depuis une base de données centralisées avec des commandes de machines connectées entre elles, ce que l'on appelle une usine connectée. Aujourd'hui plus que jamais, nos clients ont besoin d'informations en temps réel, afin de pouvoir prendre la bonne décision au bon moment
compte tenu du degré de complexité élevé. Ces données actuelles doivent être disponibles à tout moment et sur des plates-formes conviviales. C'est le cas de notre tablette Touch I4 et de notre programme CADMAN® en général, qui fonctionnent à l'aide d'icônes intuitives.
Le besoin d'aperçu général grâce aux informations en temps réel vaut pour les grandes et les petites entreprises. L'Industrie 4.0 est intéressante pour toutes les entreprises, mais il faut reconnaître que cela implique un solide changement de mentalité et de gros investissements. On se retrouve au carrefour entre finances, IT et gestion de la production. De plus, on constate que l'on passe de plus en plus du hardware à l'environnement software et que c'est compliqué pour beaucoup d'entreprises. Quelqu'un doit prendre la responsabilité de mener à bien cette transition."

"L'Industrie 4.0 est intéressante pour toutes les entreprises, mais il faut reconnaître que cela implique un solide changement de mentalité et de gros investissements"


Cela nous amène à l'analyse du flux de données. Dans l'usinage, des études ont démontré qu'un seul centre d'usinage peut facilement générer en un an plusieurs téraoctets de Big Data. Comment gérez-vous cela?

Dewulf: “Tout d'abord, l'usinage de panneaux génère un flux d'informations moins important que l'usinage en général. Par ailleurs, il reste une quantité d'information relativement substantielle qui, selon moi, nécessitera une solution cloud à court terme, surtout quand on sait que le rôle de la technologie des capteurs va encore progresser. Le fonctionnement des systèmes intelligents comme Easy-Form® Laser, qui s'autocorrige dans une boucle fermée, repose en grande partie sur la technologie des capteurs. Si nous voulons encore plus évoluer vers des systèmes entièrement automatiques, nous allons devoir poursuivre sur cette voie. Pour nous, fabricants occidentaux, c'est ce qui incarne notre principale valeur ajoutée, et ce qui guide aussi beaucoup nos procédures de recrutement."


On critique aussi l'Industrie 4.0 sur l'absence d'un standard général qui simplifierait la communication ouverte entre les machines de différentes marques. Est-ce prévu pour bientôt?

Dewulf: “Un standard unique serait vraiment l'idéal, mais je doute fort qu'on en soit proche, du moins à court terme. Les clients disposent de machines et de commandes de plusieurs générations. Il faudrait alors utiliser des post-processeurs pour équilibrer le fossé générationnel. De plus, toutes les machines n'ont pas besoin d'être utilisées en réseau. Sans oublier: le volet sécurité des données est souvent sous-estimé, alors que, dans tous les cas, il faut en tenir compte lors de la création d'un réseau."


L'Industrie 4.0 est une évolution qui concerne l'ensemble de l'industrie de la manufacture. Spécifiquement dans le domaine de l'usinage de panneaux, la dernière révolution, c'est le laser à fibre. Cette technologie s'est développée au point que certains envisagent de ne plus travailler au CO2. Vous y pensez aussi?

Dewulf: “Il faut reconnaître une certaine forme de cannibalisme avec la fibre, grâce à une vitesse accélérée et à des frais de maintenance réduits, mais cela ne condamne pas pour autant le CO2. Nous continuons d'utiliser les deux, car nous sommes convaincus que, pour certaines applications, le CO2 reste la meilleure option. Sur inox, le CO2 permet une coupe de meilleure qualité sur les plus grosses épaisseurs. Nous laissons le client décider de ce qui sera la meilleure solution pour lui. Ce n'est pas un choix que nous imposons."


Les capacités du laser à fibre augmentent sans cesse. Douze kW et plus, est-ce vraiment nécessaire?

Dewulf: “Pour le volume de nos clients, le plus intéressant d'un point de vue de retour sur investissement, c'est entre 4 et 8 kW. A partir de 10 kW et plus, cela représente un investissement vraiment important pour un groupe d'applications possibles très réduit. Ce n'est pas uniquement une question de qualité de la source, la dynamique de la machine doit aussi permettre de fortes accélérations, non seulement dans les déplacements d'axes, mais aussi lors de la coupe. Nous nous limiterons donc aux machines de respectivement 4, 6, 8 et 10 kW."


Lors du dernier EuroBLECH, il n'y avait plus rien à propos de la diode laser, pourtant successeur annoncé de la fibre. Qu'est-ce qui ne va pas?

Dewulf: Pour ce qui est de la diode laser directe (DDL), nous étions très en avance grâce à nos recherches en interne et à nos contacts en Amérique, mais jusqu'à présent, l'évolution est quelque peu décevante, principalement à cause de deux problèmes fondamentaux. Tout d'abord, la qualité du rayon est insuffisante pour des applications industrielles à large échelle. Rien de dramatique en soi, car nous savions que ce point serait particulièrement complexe. Par contre, la DDL a surpris en termes de wall plug efficiency, puisqu'elle ne fait pas mieux que le laser à fibre, qui lors des derniers tests a même obtenu plus que les 40% de la DDL. Quand on cumule ces facteurs, en plus de la source laser qui coûte plus cher, on comprend pourquoi la diode à application directe est quelque peu laissée de côté. Mais nous suivons de près la moindre évolution."


La fibre permet une coupe ultrarapide, tellement rapide que j'ai l'impression que la ligne de production a du mal à suivre. Est-ce un nouvel obstacle?

Dewulf: “Pour le pliage à l'aide d'outils automatiques, nous utilisons notre ToolCell, une belle solution intégrée qui ne nécessite pas de robots standard à fixer sur le cadre de la machine, ce qui entraînerait plus facilement des vibrations et donc des imprécisions. Nous maîtrisons par exemple le pliage robotisé sur une presse à chants de 8 mètres par exemple. Le picking et le tri automatiques des pièces découpées au laser n'a par contre pas encore atteint ce niveau en termes de flexibilité et de fiabilité. L'installation ne doit pas non plus prendre trop de place. Nous sommes donc fiers d'annoncer en grande première que LVD a conclu un accord exclusif pour le Benelux avec l'entreprise italienne Starmatik. Sans entrer dans les détails, nous pouvons déjà dire que nous vous réservons plusieurs nouveautés. L'automatisation en général connaît une véritable envolée. Les Pays-Bas ont joué un rôle pionnier en la matière, plus que la Belgique et même que l'Allemagne. Je ne sais pas si cela a un rapport avec la présence de grands fabricants OEM très stables comme ASML et VDL, et de grandes entreprises innovantes spécialisées dans l'usinage de panneaux qui travaillent en étroite collaboration avec un objectif clair, mais on observe chez nous une belle manœuvre de rattrapage. La demande en automatisation dans nos contrées est vraiment énorme. Cela se traduit par de nombreux projets d'investissement. Aujourd'hui, toute une équipe est responsable d'aspects tels que les programmes et les possibilités d'intégration dans des réseaux."

"Il faut reconnaître une certaine forme de cannibalisme avec la fibre, grâce à une vitesse accélérée et à des frais de maintenance réduits, mais cela ne condamne pas pour autant le CO2"


Cette évolution n'a-t-elle pas un gros impact sur le profil de l'opérateur également?

Dewulf: “Absolument. Le niveau de formation moyen des opérateurs augmente, ce qui implique dans la plupart des cas des formations régulières. Nous le remarquons même dans notre production. Malheureusement, ce ne sont pas des gens qui passent facilement le cap vers un environnement de programmation. Voilà un rôle pour nous, les constructeurs de machines. Dans notre volonté d'automatiser la production, nous devons en effet éviter en exagérant de devoir remplacer un opérateur par deux ingénieurs. Autrement dit, l'automatisation ne doit pas se faire au détriment de la flexibilité. La mise en pages de notre programme, l'utilisation d'icônes universelles et l'accès limité à certains champs, entre autres choses, doivent nous permettre de franchir toutes les barrières linguistiques et de communiquer avec divers profils, quel que soit le niveau de formation. Mieux encore, pour les fabricants occidentaux, c'est même l'occasion de développer des machines sur mesure en quelque sorte en fonction des besoins d'un marché spécifique."


Est-ce que vous craignez que l'impression 3D s'empare d'une partie de l'usinage des panneaux et de voir ainsi le marché se contracter?

Dewulf: “Pas pour le moment, car la technologie se développe plutôt vers des pièces d'usinage uniques, des prototypes ou de petites séries en raison de la résistance à la chaleur, pour limiter le poids ou pour d'autres raisons très spécifiques. De la même façon, les applications se limitent à une petite sélection de secteurs (niches) comme le secteur médical et l'aéronautique. Il s'agit par ailleurs toujours de pièces relativement petites, alors que, dans l'usinage de panneaux, on travaille plutôt sur de grands formats. D'un point de vue purement économique, on peut aussi s'interroger sur la rentabilité, surtout tant que les poudres coûteront aussi cher … Le secteur de l'usinage de panneaux permet encore d'innombrables innovations. La complexité va augmenter, avec l'introduction et le développement de nouvelles technologies, et l'amélioration des programmes pour que les machines d'usinage puissent réaliser plus de formes encore. Je pense donc plutôt que la demande en usinage de panneaux va augmenter."


Si l'impression 3D n'est pas une menace pour le secteur de l'usinage de panneaux, quel est votre principal défi?

Dewulf: “La plus grande menace dans notre secteur, et de loin, c'est la pénurie en personnel qualifié. Et si vous pensez que la situation en Europe occidentale est précaire, sachez que la pénurie se fait encore plus ressentir aux Etats-Unis. Au point que certaines entreprises doivent ralentir, voire stopper leurs activités. Il n'y a tout simplement plus de prises à faire. J'espère vraiment de tout cœur que la réforme de l'enseignement en tronc commun et la formation alternée porteront leurs fruits pour que nous puissions suivre les traces de l'Allemagne, où la collaboration entre l'enseignement et l'industrie est bien meilleure, si bien que les élèves sont diplômés avec un bagage technique fort, mais aussi la bonne attitude de travail. A l'avenir, la différence entre survivre et bien gagner sa vie dépendra de la qualité du contrôle de la production. Chaque pièce devra être bonne du premier coup. Il vous faut pour cela un bon système CAM et un système qui englobe tous les procédés, pour que la logistique de la découpe laser, le poinçonnage et le pliage se suivent de façon fluide. Un conseil pour ce faire: analysez bien la situation dans son ensemble avant de prendre une décision, donc même le contrôle de la production ERP, la facilité de commande des interfaces, la compatibilité avec une base de données centralisée, …“
Et ainsi, vous y serez dès le début: l'Industrie 4.0.

EXPERIENCE CENTER
LVD Company nv a inauguré fin mars son nouveau Experience Center (XP Center) à Gullegem. Ce site ultramoderne a pour but de stimuler l'usinage de panneaux en rapprochant les visiteurs de la technologie, de ses possibilités et du savoir-faire dans un environnement innovant qui encourage à la formation et à la collaboration.

Expérience sans précédent pour les visiteurs
Les visiteurs peuvent poser des questions à des spécialistes sur les différentes applications, et voir ainsi les nombreuses possibilités d'aujourd'hui et de demain. Ils ont ensuite l'occasion de tester les nouveaux produits et de renforcer leurs contacts avec les experts de LVD. Grâce au fonctionnement intégré des machines de la dernière génération et aux procédés de production, à l'automatisation, à la technologie des écrans tactiles et aux programmes selon l'Industrie 4.0, le visiteur est en pleine immersion afin de bien prendre conscience des avantages d'une usine connectée et intelligente. “Le XP Center est plus qu'un show-room et qu'un centre de formation“, selon Carl Dewulf. “Nous avons créé un espace qui invite les visiteurs à se rapprocher d'une autre façon de la technologie d'usinage de panneaux et de la marque LVD.“

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